La Banque du Canada abaisse son taux directeur la première – Considérations pour les portefeuilles

Wesley Blight

6 juin 2024

Points à retenir

  • La Banque du Canada a abaissé le taux cible du financement à un jour à 4,75 %
  • Au Canada, l’expansion économique a repris après avoir stagné en 2023, et l’inflation continue de ralentir
  • Comme des baisses de taux additionnelles devraient suivre, on peut raisonnablement s’attendre à observer une dépréciation du dollar canadien et un effet stimulant pour les obligations sensibles aux variations des taux d’intérêt

Pour la première fois en plus de quatre ans, la Banque du Canada (BdC) a abaissé de 25 points de base le taux cible du financement à un jour, qui est maintenant de 4,75 %. Elle a aussi confirmé qu’elle continuera de normaliser son bilan en ne remplaçant pas ses obligations du gouvernement du Canada qui viennent à échéance. Même si elle était largement attendue, la décision de la Banque d’abaisser son taux directeur n’était pas chose acquise.  

BdC : la politique monétaire n’a plus besoin d’être aussi restrictive

L’économie mondiale a progressé de 3 % au premier trimestre de 2024, conformément à ce qu’avait projeté la Banque en avril. Au Canada, la croissance de 1,7 % du premier trimestre a été légèrement inférieure aux projections. L’inflation au pays a reculé de nouveau en avril, et les mesures sur trois mois de l’inflation fondamentale semblent indiquer que ce ralentissement va se poursuivre. Selon la BdC, « la politique monétaire n’avait plus besoin d’être aussi restrictive » parce que « les données récentes ont renforcé [sa] confiance que l’inflation va continuer de se diriger vers la cible de 2 % »

Le Canada est la première économie du G7 à abaisser son taux directeur. Quel est l’effet de cette réduction? 

Si la BdC a été la première banque centrale du G7 à abaisser son taux directeur, nous pensons que d’autres autorités monétaires envisagent d’emprunter la même voie. Cela dit, vu la résilience remarquable qu’affiche l’économie des États‑Unis, la Réserve fédérale américaine ne sera pas confrontée à la même nécessité d’abaisser ses taux au cours des prochains mois.

En ce qui concerne les actions et les titres à revenu fixe canadiens, la réduction de taux est stimulante et concorde avec l’atterrissage en douceur qu’attendaient la majorité des observateurs (le scénario où l’économie passe d’une croissance non équivoque à une croissance lente ou nulle, sans tomber en récession).

La décision de la BdC de précéder la Fed dans l’assouplissement monétaire pourrait cependant entraîner une dépréciation du dollar canadien. Comme ce dernier est déjà à la traîne des autres grandes devises (à l’exception du yen japonais), l’élargissement du différentiel de taux pourrait jeter de l’huile sur le feu. Nous tenons compte de l’incidence qu’aura le change, quoiqu’indirectement, sur les décisions à venir de la BdC.

Des baisses additionnelles sont à venir, mais la divergence avec la politique monétaire américaine sera un facteur limitant

Nous nous attendons à ce que la BdC annonce des baisses additionnelles de son taux directeur au cours des mois à venir; notre scénario de base situe ce dernier à 4,25 % à la fin de 2024. Notre opinion s’appuie sur le ralentissement de la croissance, le retour de l’inflation dans la fourchette cible de la Banque et le fait que l’emploi croît moins vite que la population active.

Des baisses supplémentaires pourraient suivre en 2025, dans le cadre d’un retour de la politique monétaire vers des taux neutres (que la BdC situe dans une fourchette de 2,25 à 3,25 %). Le rythme des baisses dépendra toutefois de plus en plus de l’évolution de la politique monétaire américaine. Tous les regards sont maintenant tournés vers le Federal Open Market Committee et les signaux qu’il enverra.

Occasions que présente le contexte actuel

Nous maintenons notre position globalement neutre à l’égard des actions, avec une préférence pour les actions nord-américaines par rapport à celles des marchés émergents et du reste du monde. Selon notre analyse, le classement du Canada progresse grâce à l’amélioration des conditions macroéconomiques et à la décision de la Banque du Canada d’abaisser son taux la première. L’économie des États‑Unis reste remarquablement résiliente et relativement à l’abri de la faiblesse en Chine et en Europe. Elle continue de bénéficier des vents favorables venant de l’intelligence artificielle, de l’infonuagique et de la transformation énergétique.  

Du côté des titres à revenu fixe, les probabilités croissantes de baisse des taux présentent une occasion d’ajouter de la valeur en augmentant la duration (sensibilité accrue à la variation des taux d’intérêt) au début de la courbe canadienne des rendements.Les explications de la BdC confirment notre opinion que des baisses additionnelles sont à venir. Nous restons persuadés que les rendements à court terme continueront à baisser en termes absolus et par rapport aux rendements à long terme.

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La prochaine annonce relative aux taux d’intérêt de la Banque du Canada est prévue le 24 juillet; un nouveau Rapport sur la politique monétaire sera publié au même moment. Quant à la Réserve fédérale américaine, elle annoncera sa prochaine décision sur les taux et ses plus récentes projections économiques le 12 juin; la vaste majorité des observateurs s’attendent à ce qu’elle maintienne son taux directeur inchangé.

Wesley Blight

Wesley Blight, CFA, CIM, FCSI, est gestionnaire de portefeuille dans l’équipe Gestion multi-actifs de Gestion mondiale d’actifs Scotia. Il veille sur les solutions de placements de privés et de portefeuilles multi-actifs.