La Réserve fédérale américaine maintient son taux directeur, l’inflation ne s’approchant pas assez de la cible

Richard Schmidt

12 juin 2024

Messages clés

  • La fourchette cible du taux des fonds fédéraux se situe toujours entre 5,25 % et 5,5 %
  • Une réduction des taux à 5,1 % est prévue cette année et quatre autres baisses sont attendues en 2025
  • Selon la Réserve fédérale, « l’inflation a diminué considérablement », mais « demeure trop élevée »

Les indicateurs économiques s’améliorent, mais la Réserve fédérale des États-Unis attend de meilleurs résultats de sa lutte contre l’inflation. Dans son annonce du 12 juin, elle indique qu’elle maintient le taux des fonds fédéraux dans une fourchette cible de 5,25 % à 5,50 %.

Sans en préciser le moment, le Federal Open Market Committee s’attend maintenant à ce qu’il n’y ait qu’une seule réduction des taux cette année, suivie de quatre autres plutôt que de trois en 2025. Comme nous nous y attendions, la Réserve fédérale continue donc de repousser les mesures d’assouplissement prévues plutôt que de revoir à la baisse le nombre total de baisses projeté. Les prochaines réunions du Comité auront lieu en juillet, en septembre, en novembre (le lendemain des élections présidentielles) et en décembre.

Bien que la Réserve note dans son communiqué « de modestes progrès » dans la poursuite du taux cible d’inflation de 2 % (ce qui est mieux que « l’absence de progrès » constatée en mai dernier), elle souhaite attendre encore un peu pour s’assurer que les progrès accomplis se poursuivront. 

Amélioration du sentiment attribuable aux nouveaux chiffres sur l’inflation

L’inflation a ralenti considérablement au cours de la dernière année, mais elle demeure plus forte que prévu et supérieure au taux cible de 2 %. L’indice total des dépenses personnelles de consommation (PCE) a augmenté de 2,7 % au cours de la période de 12 mois terminée en mars. L’indice PCE de base (qui exclut les prix des aliments et de l’énergie) a pour sa part augmenté de 2,8 % au cours de la même période.

Quelques heures à peine avant l’annonce sur les taux d’intérêt, le bureau des statistiques du travail des États-Unis a publié son plus récent rapport sur l’indice des prix à la consommation. Ce rapport démontre qu’en mai dernier, pour le premier mois depuis juillet 2022, les prix sont demeurés stationnaires.

« Nous avons accompli des progrès intéressants dans la lutte contre l’inflation grâce à l’orientation actuelle de notre politique », a déclaré Jerome Powell, président de la Réserve fédérale au cours du point de presse qui a suivi l’annonce. 

Signes d’une forte demande sous-jacente dans l’économie américaine

La croissance du PIB a ralenti, passant de 3,4 % au quatrième trimestre de 2023 à 1,6 % au premier trimestre de 2024. Toutefois, la croissance de 3,1 % des achats privés intérieurs finaux au premier trimestre est interprétée par la Réserve fédérale comme un signe clair de la demande sous-jacente qui est aussi forte qu’au deuxième semestre de 2023.

Le marché du travail demeure relativement serré et le taux de chômage reste historiquement bas, mais l’équilibre entre l’offre et la demande est maintenant meilleur.

Pour les investisseurs, patience et optimisme avec une certaine dose de prudence sont de rigueur

La résilience de l’économie américaine fait en sorte que la Réserve fédérale ne subira pas les mêmes pressions que la Banque du Canada pour réduire ses taux d’emprunt au cours des prochains mois. Cette dernière a d’ailleurs choisi de réduire une première fois ses taux en juin.

Toutefois, le rythme des futures baisses pourrait dépendre de plus en plus de l’évolution de la politique monétaire américaine.

Tout en attendant la première baisse de taux de la Réserve fédérale plus tard cette année, nous continuons de soupeser les retombées économiques du maintien de taux plus élevés pendant plus longtemps.

C’est pourquoi, dans nos portefeuilles qui proposent une répartition tactique de l’actif, nous maintenons une position neutre en actions par rapport aux titres à revenu fixe et aux liquidités. L’accélération à court terme de l’activité économique va dans le sens contraire de nos attentes d’un ralentissement plus important de l’économie mondiale. Toutefois, les signaux d’alarme mentionnés plus haut nous empêchent de surpondérer les actions. L’inflation et la concentration actuelle des marchés restent les principaux risques à surveiller.

À plus long terme, nous entendons continuer d’appliquer rigoureusement notre processus de répartition stratégique de l’actif à long terme malgré l’incertitude et la volatilité des marchés. Apprenez-en un peu plus sur les considérations à court et à long terme influant sur nos portefeuilles.

Richard Schmidt

Richard Schmidt, CFA, est gestionnaire de portefeuille adjoint dans l’équipe Gestion multi-actifs de Gestion mondiale d’actifs Scotia. Il s’occupe principalement de fonds et de mandats d’actions nord-américaines.