Les tarifs douaniers et l’atout Trump

Mise à jour : le 16 avril 2025
Publication : le 10 mars 2025

Par Wesley Blight et Mark Fairbairn

La conjoncture économique mondiale a été fondamentalement bouleversée par la politique commerciale musclée du président américain Donald Trump, qui a imposé des tarifs douaniers considérables à d’importants partenaires commerciaux des États-Unis, dont le Canada. Ces mesures ont suscité des représailles, perturbé les chaînes d’approvisionnement et accru l’incertitude économique.

Les enjeux sont élevés pour les investisseurs canadiens : le Canada étant un partenaire commercial majeur des États-Unis, les tarifs douaniers risquent de freiner la croissance économique, de stimuler l’inflation et d’éroder la rentabilité des entreprises au pays. En tant que gestionnaires de portefeuille, nous suivons la situation de près pour minimiser les risques et dénicher des occasions dans cet environnement turbulent.

Que s’est-il passé?

Février 2025

L’administration Trump annonce des droits de douane à grande échelle : 25 % sur la plupart des biens canadiens et mexicains (10 % sur l’énergie) et 10 % sur les importations chinoises, à compter du 4 février. Le Canada réplique en annonçant des droits de douane sur 30 milliards de dollars de marchandises. À la suite d’accords sur la sécurité frontalière, les États-Unis retardent d’un mois l’entrée en vigueur des droits de douane sur les marchandises canadiennes et mexicaines conformes à l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM). Des tarifs douaniers de 10 % sur les importations chinoises entrent en vigueur. La Chine adopte des mesures de représailles modérées. M. Trump annonce aussi des tarifs douaniers de 25 % sur toutes les importations d’acier et d’aluminium, à compter du 12 mars.


Mars 2025

Les tarifs douaniers de 25 % sur la plupart des produits canadiens et mexicains (10 % sur l’énergie) entrent en vigueur, ce qui incite le Canada à répliquer en imposant des tarifs équivalents, en plus d’annoncer une deuxième vague de mesures ciblant d’autres produits américains. Les États-Unis suspendent les tarifs douaniers sur les marchandises conformes à l’ACEUM jusqu’au 2 avril, mais la plupart des importations y demeurent assujetties. Les tarifs douaniers de 25 % sur toutes les importations d’acier et d’aluminium entrent en vigueur le 12 mars. Le Canada réplique dollar pour dollar.


Avril 2025 (jusqu’au 16 avril)

Les tensions commerciales montent encore : le 5 avril, Donald Trump impose des droits de douane de 10 % à l’échelle mondiale et des tarifs réciproques de 11 % à 50 % aux pays avec lesquels les États-Unis ont un important déficit commercial, dont la Chine (34 %) et les pays de l’Union européenne (20 %). Les tarifs douaniers de 25 % sur les automobiles entrent en vigueur le 3 avril. Le Canada réplique en imposant des tarifs équivalents. La Chine riposte avec des droits de douane de 34 %, des contrôles à l’exportation sur les terres rares et une interdiction d’importation. À la suite d’une escalade, les droits de douane passent à 84 %, puis à 125 % sur les produits américains à la mi-avril. Le 9 avril, les États-Unis mettent sur pause les nouveaux tarifs réciproques pendant 90 jours pour la plupart des pays, mais ils font passer les droits de douane sur les importations chinoises à 125 %, en invoquant la sécurité nationale. Le 16 avril, les droits de douane sur certains produits chinois sont encore augmentés, jusqu’à 245 %. Le Canada allège temporairement les droits de douane sur certains intrants manufacturiers essentiels, mais il maintient ceux visant les automobiles, tandis que l’Union européenne suspend les mesures de représailles prévues pour permettre la tenue de négociations.

Quelles sont les répercussions de ces politiques changeantes?

L’incertitude entourant la politique commerciale est devenue une préoccupation majeure pour les investisseurs en 2025. Elle a suscité une volatilité importante des marchés et exacerbé les craintes d’une guerre commerciale prolongée. L’annonce de tarifs douaniers à grande échelle par les États-Unis au début d’avril a déclenché une vente massive à la bourse. La valeur des actions américaines a diminué de 5 000 milliards de dollars en deux jours, les actions mondiales ont piqué du nez, les prix du pétrole ont atteint leur plus bas niveau en quatre ans, et les risques de récession ont considérablement augmenté.

Si ces tarifs douaniers élevés restent en vigueur, ils vont probablement ralentir la croissance aux États-Unis, accentuer l’inflation et contribuer au maintien de taux d’intérêt élevés dans le monde entier. Les risques sont particulièrement grands pour le Canada, les exportations vers les États-Unis représentant environ 20 % du PIB national. Le huard a perdu des plumes par rapport au dollar américain depuis l’élection de M. Trump. Si cette dépréciation compense en partie l’effet des tarifs douaniers, elle accroît l’inflation des biens importés.

Les résultats prévisionnels pour 2025 ont déjà été réduits, et de nouvelles révisions à la baisse pourraient survenir compte tenu de la hausse des coûts et d’une baisse probable des ventes pour les entreprises. Les autres politiques de Donald Trump, comme les réductions d’impôt et la déréglementation, sont généralement considérées comme favorables à la croissance, mais ce sont les effets négatifs des tarifs qui dominent les perspectives actuelles.

Comment gérons-nous vos portefeuilles?

Les risques accrus suscités par les politiques commerciales menacent de se répercuter sur l’ensemble de l’économie mondiale, qui devait, avant l’escalade, afficher une croissance plus équilibrée cette année. La volatilité des marchés étant maintenant nourrie essentiellement par les politiques commerciales, les perspectives des marchés financiers sont hautement tributaires de l’évolution de ces politiques.

  • L’incertitude entourant la politique monétaire ainsi que les risques liés aux évaluations exercent des pressions à court terme sur les actions, surtout sur les marchés boursiers américain et canadien. La conjoncture pourrait toutefois avantager les actions internationales, la politique commerciale des États-Unis amenant les investisseurs à accroître la diversification géographique de leurs placements.
  • Grâce à leurs taux élevés, les titres à revenu fixe ont un effet stabilisateur essentiel dans un contexte de préoccupations liées à la croissance. Nous privilégions les titres d’emprunt de qualité et leurs solides fondamentaux, tout en faisant preuve de prudence à l’endroit des secteurs à rendement élevé, en raison de la hausse des liquidités et des risques de défaut. De plus, la duration des titres américains sert de couverture contre un potentiel ralentissement économique.
  • Nous maintenons dans l’ensemble une position neutre, en équilibrant les risques de perturbations commerciales et de stagflation et les possibilités offertes par les obligations et les actions défensives au chapitre du revenu. Nous continuons de suivre de près l’évolution de la situation géopolitique et les mesures prises par les banques centrales.

En ce qui concerne les Portefeuilles Essentiels Scotia, nous avons effectué des rajustements tactiques en réponse à cette incertitude. Nous sommes récemment passés à une position neutre à l’égard des actions en réduisant la pondération des actions américaines, en augmentant la pondération des actions internationales pour qu’elle soit neutre et en augmentant également celle des titres à revenu fixe, afin de jouer de prudence. Cette flexibilité est rendue possible par la répartition tactique de l’actif, qui nous permet de réagir rapidement à l’évolution du marché.

Pour toutes les Solutions de portefeuille Scotia (Essentiels, Sélection, INNOVA, Partenaires), nous adoptons une perspective à long terme tout en surveillant activement l’évolution des conditions du marché pour nous assurer que les portefeuilles restent bien positionnés. Guidés par un rigoureux processus de placement qui a fait ses preuves, nous réévaluons activement la répartition stratégique de l’actif à mesure que de nouvelles informations émergent, en faisant appel à des gestionnaires de fonds spécialisés et en suivant de près les sociétés pour déceler les risques liés à la chaîne d’approvisionnement et les occasions potentielles.

Voici ce que vous devriez faire

Les tensions commerciales pourraient accentuer la volatilité et donner lieu à des manchettes troublantes; nous devons donc nous concentrer sur ce que nous pouvons contrôler. Les marchés ont traversé des tempêtes semblables par le passé, et l’histoire nous enseigne que les investisseurs à long terme qui ont su garder leur sang-froid sont ceux qui ont obtenu les meilleurs résultats. Nous vous encourageons à ne pas tourner le dos aux marchés, à suivre votre plan à long terme et à consulter votre conseiller pour vous assurer que votre stratégie demeure pertinente en cette période d’incertitude.

Wesley Blight

Vice-président et gestionnaire de portefeuille, Gestion multi-actifs

Mark Fairbairn

Gestionnaire de portefeuille, Gestion multi-actifs